Festival d'Avignon
du 6 au 28 juillet 2001
21 h 30 >><< 22 h 30
Sommaire
TRANSFERT EXPRESS
Festival d'Avignon - du 6 au 28 juillet 2001 - 21 h 30 >><< 22 h 30
>>>Q u a i N° 4 >><< G a r e d' Avignon-Centre >><< T R A N S F E RT EXPRESS<<<
>>> 55 m i n u t e s d e v o y a ge s a n s a r rêt n i b a g a g e <<<
Il faut imaginer un voyage, en train, un jeton pour billet, dans une rame spécialement affrétée pour le Festival d'Avignon, une destination - inconnue - et un guide - Hermès - dieu de tous les passages. Le train s'arrête en un lieu symbolique, théâtre de circonstance.
Hermès nous parle, nous confronte à un monde réel / virtuel en mutation constante - questionnement, responsabilisation du spectateur sur ce qu'il vit, sur ce qu'il voit.
Hermès nous tourne, nous détourne. Il met en perspective les directions multiples qui nous sont offertes face aux choix éthiques, moraux, philosophiques qu'impose le progrès scientifique et technique.
TRANSFERT EXPRESS tient lieu de laboratoire : laboratoire de réflexion - nouveaux modes de pensée, mise en perspective des questionnements et propositions propres à préparer le futur…, laboratoire d'expérimentation théâtrale où se fondent images, son, texte et lumière…
TRANSFERT EXPRESS est une approche sensible de la nécessité de la réflexion sur l'évolution technique de notre temps.
TRANSFERT EXPRESS, écrit et mis en scène par Maryvonne VENARD est l'aboutissement de plusieurs années de recherches et d'expérimentations théâtrales.
TRANSFERT EXPRESS, créé pour Avignon 2001, a été réalisé grâce au soutien de la SNCF, du Ministère de la culture et de la communication, et du Ministère de la jeunesse et des sports.
Texte / Lignes tracées, à la main
Réseau / Lignes multiples posées par les hommes, boulonnées à l'écorce
terrestre.
L'homme délesté de sa charge physique navigue et dérive sur le réseau immatériel et complexe de la toile, accélérateur de particules où défilent nos représentations anciennes et actuelles.
Or il existe une architecture, métaphore de cette complexité.
La Rotonde, nœud ferroviaire où la locomotive avance, change de
direction.
Point de convergence des interrogations et des énergies, des hommes
et des cheminots, cette création est le fruit d'une magnifique conjonction
de hasards et d'une formidable réunion de volontés.
La diversité des trajectoires individuelles et collectives, nos parcours si différents ( navigations, rencontres, interrogations et incertitudes ) doivent se confronter afin d'ouvrir de nouvelles perspectives à notre espace physique et mental.
Hermès, dieu de tous les passages nous détourne jusqu'au cœur de ce foyer de vie, de production, de projections, de directions contradictoires pour que ses préoccupations par la somme des capacités des hommes et des femmes capables d'inventer, de réfléchir, d'analyser, et d'imaginer ensemble, soient à l'avenir résolues.
Il convient de responsabiliser le spectateur à son rôle de citoyen. Nos interrogations passées au crible de la machinerie prennent corps, voix et actes. Les champs se croisent, s'entremêlent pour créer un réseau de troisième génération, d'un type inconnu.
D'où la nécessité d'inventer des interfaces souples, membranes d'autres textures à plus value artistique entre des réalités dures et des citoyens submergés par des vagues d'informations continues, et donc de creuser un espace-temps au sein d'une rotonde, où se ralentiront excessivement tous les rythmes ; de passer enfin, d'un état fébrile à un déploiement de tous les possibles… directions possibles qui s'offrent à nous qui ne prenons plus le temps d'expérimenter, de réfléchir et d'essayer.
Partage de territoire, réel, sillonné et arpenté par les hommes, les machines. Trajectoires partagées de personnalités diverses, d'expressions, de connaissances… techniques. Création issue d'une expérience inouïe qui révèle de nouvelles perceptions, celle des fluides sinueux et mouvants, celle des mouvements entre les hommes, de l'information, des outils et machines, … signaux ouverts.
Notation d'une composition musicale : parce qu'il s'agit de séquences encastrées les unes dans les autres, chronométrées, où voix et instruments "machiniques", souffles, instruments de musique, voix radiophoniques accompagnent le voyageur, réel autant que dé-réalisé : irréel autant que réalisé.
21 h 15
L'obscurité estivale recouvre la ville laissant apparaître la
façade de la gare d'Avignon, aux couleurs fluorescentes, dans un foisonnement
de détails maniaques - décor colorié colorisé.
La Gare : lieu de passage, où perdre ses pas, point focal où convergent
les passants… Première traversée d'une première
illusion… passer de l'autre coté, un dépliant à la
main pour un archipel de rêve, départ fixé à 21
h 41.
21 h 30
Le hall est bleu. Un repère : Transfert Express inscrit sur l'un des
guichets. Une femme nous remet un billet authentique, à composter, un
jeton de voyage, en laiton troué : quai n° 4.
La gare vit et murmure. Bandes-annonces, bruits d'humeurs… et lumière étrange
qui nous déstabilisent remettent en doute nos faits et gestes.
21 h 37
Le train n° 18259, TRANSFERT EXPRESS est annoncé sur le tableau
d'affichage, voie n° 4, heure de départ : 21 h 41, destination :
l'archipel.
Courir jusque-là, passage par la salle d'attente aux multiples miroirs.
Prisme déformant. Échange précipité, un jeton contre
une valise, petite, remise à chaque voyageur…
21 h 40
Un contrôleur à la respiration rapide puis plus calme nous invite à monter
dans l'autorail, en confiance. Recherche d'indices…
Assis, le spectacle commence. Sur le quai, le haut-parleur requiert notre attention,
toute notre attention. Une femme essoufflée, au timbre un peu trop sonore,
armée d'un bagage, porte la main à son cœur.
21 h 41
Le train s'ébranle.
L'hôtesse radieuse, un micro à la main, nous invite à ouvrir
la valise.
Une carte, un carnet d'outillage, une clé, une bille dorée, un
glossaire technique nécessaire au dialogue si jamais… , un cordon
noir enroulé sur lui-même. Elle les saisit l'un après l'autre,
démonstration d'utilité, signes de reconnaissance qu'il nous
faudra peindre sur notre visage. Elle nous informe des turbulences probables,
des vents, des courants. Silence, reprise de souffle.
Le train tangue, doucement.
22 h 03
Puis vient le bruit, des voix, hallucination auditive. Une voix se fait entendre.
Une voix rieuse et inspirée circule et traverse les courants chauds,
elle vient de la cabine du conducteur, la voix est aux commandes. Détournement
de train vers une autre destination. Tour de passe, de passe-passe.
L'hôtesse rassure.
En cascade des voix inquiètes se font entendre, appels radio en attente
d'explications sur cet arrêt inopiné, Suivent des échanges
entre tous les interlocuteurs concernés par cette interruption, de l'aiguilleur à celui
qui entretient la voie, sur les procédures à suivre et les ruses
d'Hermès pour les transgresser.
Car il s'agit de lui, dieu des voyages et des passages, de l'invention technique
et des changements d'états, dieu de la parole, dieu de la trouvaille
ingénieuse. Il ne s'arrêtera plus, emporté par la découverte
des progrès techniques auxquels il a affaire. Dans la cabine du conducteur,
emballé par le type de réseau ferroviaire dans lequel nous sommes
pris, il marche à vue.
L'hôtesse tente un dialogue avec Hermès, ivre de réussite,
en vain.
22 h 10
Huis clos. Les fenêtres de la rame recouvertes de rideaux rouges ne laissent
rien paraître. Nous sommes guidés par cet inconnu charmeur et
blagueur, excité par ses propres expériences sonores qui perce
de cent trous les conduites d'air de l'autorail. Sur cet orgue déchaîné,
il rejoue la partition créée pour sa grande flûte de pan.
Nous partons vers la nuit.
Chaque bruit, chaque intervention radio, chaque contact avec qui que ce soit depuis la cabine provoque en direct trouvailles jubilatoires, commentaires sur les animaux absents des prairies, sur son frère Apollon, son fils Pan…
Aller et retour entre sa propre histoire et le présent, Hermès, dieu psychopompe accompagnateur de tout voyageur errant, nous fait toucher le cœur des sourds grondements d'une civilisation, la nôtre travaillée par des forces souterraines, pulsant dans les dessous - nous voilà au-dessus de ces abîmes structurés qui fondent la scène, nous souhaitions être acteur de la mutation, nous y voilà !
Les rideaux rouges se lèvent comme par magie.
À l’extérieur, le spectateur découvre une Rotonde,
théâtre de circonstance très différent de ses référents
habituels : perception bouleversée du centre de gravité, dilatation,
expansion, projection explosée, images auxquelles répondent les
voix démultipliées d'Hermès toujours présent. Voix
désincarnée et blanche adressée à ses clones présents
et à venir. Ils gouvernent et contrôlent l'univers de la toile,
ce filet invisible et tendu au-dessus de la terre.
Mise en apesanteur.
Les communications visuelles, auditives s'entrechoquent. Vitesse maximale,
explosion du langage…
Mais Hermès est joueur ! Farce ?… Juste pour rire… À ce
carrefour, les voix et propos qui s'offrent à nous, se présentent.
Alors libre à nous de choisir une voie, de nous y engager, individuellement,
collectivement.
L'hôtesse nous exhorte à prendre l'antidote qu'Hermès donnait
alors aux mortels contre tout enchantement.
Durant tout le voyage, une femme est à l'écoute. Éponge
des réactions du corps : poids du vertige, malaise des viscères
et des maux, photographie des ressentiments et appréhensions de chaque
voyageur, Lola-La-Bouche se fait le porte-parole d'un collectif paniqué par
le mal des transports.
22 h 20
Mais le tour est joué définitivement…
Hermès reste et se retire. Il nous met en garde contre notre fascination
pour tous ces paradis artificiels… voilà pourquoi il est venu
jusqu'à nous. Il s'efface, reprend sa place, statufié.
Son dernier rôle est à chaque croisement de rendre des oracles.
C'est pourquoi il reste à ce carrefour, il nous abandonne au retour.
Hermès veille. Il espère un retour avec pour bagage suffisamment
de clés pour élaborer nos propres réponses, s'armer pour
l'à venir. …Et puis quelques questions lui sont venues à l'esprit
lors du parcours, il aurait bien aimé pouvoir se les poser à lui-même.
22 h 33
Le voyage se termine. Descente du train.
Ce texte de Saint John Perse nous semble singulièrement pertinent car articulatoire : il dit nos désirs constants de recherche et de création : il dit que la fonction qui s'exerce pour le savant, le poète et le dramaturge est la même, est de même exigence, et que le mystère… - les mystères - sont communs. Essayons d'en dissoudre d'en résoudre certains ?…
“ Au vrai toute création de l'esprit est d'abord “ poétique ” au
sens propre du mot : et dans l'équivalence des formes sensibles et
spirituelles, une même fonction s'exerce, initialement pour l'entreprise
du savant et pour celle du poète.
De la pensée discursive ou de l'ellipse poétique, qui va plus
loin et de plus loin ?
Et de cette nuit originelle où tâtonnent deux aveugle-nés,
l'un équipé de l'outillage scientifique, l'autre assisté des
seules fulgurations de l'intuition, qui donc plus tôt remonte, et plus
chargé de brève phosphorescence ? (Saint John Perse)
La réponse n'importe.
Le mystère est commun.
Et la grande aventure de l'esprit poétique ne le cède en rien
aux ouvertures dramatiques de la science moderne.
Parce qu'à notre sens, le théâtre se doit aussi de raconter
et de conter, de dédramatiser et de dramatiser, de déjouer et
de jouer la complexité de notre monde… de faire en sorte de rendre
responsable le plus grand nombre de citoyens, et ce face aux choix éthiques,
moraux, philosophiques…, imposés par le progrès scientifique
et technique.
Et, si le théâtre s'empare de cette complexité, opéré par
les sciences et les techniques forcément une série de questions
se pose à lui.
- Comment doit-il en parler ?
- Comment écrire et dans quelle langue ?
- Où interpréter une dramaturgie ?
Où “ prendre ” les citoyens-spectateurs
Conducteur, chef de gare, aiguilleurs, comédiens, infographistes compositeur, public : réunion de volontés, somme des trajectoires individuelles et collectives pour qu'apparaisse un nouvel espace physique, une machinerie théâtrale habitée.
Vagues de fond venues des creux du désir. Ondes de choc qui s'entrechoquent. Aux contradictoires actualités du monde, où se convoquent les tensions et les passions de l'avenir. Perpétuellement avide d'espaces, de lieux, d'univers à investir, afin de porter haut et fort, non seulement sa foi et sa flamme, mais aussi l'inachèvement de sa forme, les soubresauts de son âme. Pierre Noire, éternellement prête à se consumer, dans les passions du monde et de ses créations, à s'accomplir dans un meilleur toujours en gestation.
PRESSE - FESTIVAL D'AVIGNON
INFORMATIONS PRESSE
Conférence de presse Date : mardi 26 juin 2001
Lieu : E.M.T. Avignon-Miramas
Heure : 14 heures
Accueil presse Réservation billet presse au Contact
T R A N S F E R T EXPRESS - FESTIVAL D'AVIGNON
Lieu - Quai numéro 4 - Gare Avignon Centre
Dates - Du 6 au 28 juillet 2001
Horaires - 2 représentations de 80 places par soir : 21 h 30 et 22 h 30
Durée du spectacle - 55 minutes
Réservation - Le nombre des places étant limité nous vous conseillons de réserver votre billet auprès du Bureau Festival Off ou directement en Gare d'Avignon Centre Tél. : 06 78 64 18 11
Tarifs - normal : 90 F
public off : 65 F
Tarif spécial cheminot
Pour toute information complémentaire veuillez vous adresser à
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